26 - Jacques de Jalesnes



Il fut baptisé le 8 octobre 1600 à Vernantes dans le diocèse d’Angers, ‟ fils de  noble messire Michel  de Jalesnes, chevalier, seigneur dudit lieu de la Beunesche et de Jacqueline d’Appelvoisin, son parrain fut noble Jacques du Fresnes [1]”.

En 1614 sa famille sollicite son admission dans l’ordre de Malte au rang de frère chevalier. Toute admission dans l’Ordre est basée sur l’établissement de ses preuves de noblesse et de légitimation, établissement réalisé par une commission de chevaliers de l’Ordre à partir de documents et preuves autres présentés par la famille, l’interrogation de témoins afin de vérifier sa légitimation (catholicité, bonne conduite, absence de dettes, non spoliation de l’Ordre par sa famille …).  A cet effet lors du chapitre provincial tenu à Poitiers le 5 mai 1614  ‟ Le chevalier de Ligny a présenté Jacques de Jalesne, écuyer, fils de Michel de Jalesne, seigneur dudit lieu et de damoiselle Jacqueline d’Appelvoisin et requis commission pour faire ses preuves de noblesse. Ce qui a été octroyé par ledit chapitre”. Le 4 mai 1615 lors du chapitre provincial tenu à Poitiers en la commanderie de Saint-Georges ‟Le commandeur de Moulins et  Loudun, le frère Christophe Jousseaume, a présenté les preuves de la noblesse de Jacques de Jalesne, écuyer, pour être vues et lues par commissaires a ce députés. Ce qui fait a été par les commandeurs de Thévalle, Adam Bellanger, et Pierre Grain de Saint-Marsault [commandeur de Bourgneuf] qui ont rapporté audit Chapitre les avoir vues et lues et trouvées bonnes et valables. Ouï, leurs rapports ont été reçus[2]. La lettre d’officialisation en tant qu’admission  comme chevalier dans l’Ordre est datée du 15 octobre 1615.

 

Insérer convocation à Malte 1614-1615 ?

 Je n’ai pu découvrir que de très rares données concernant la période 1615-1638, période pendant laquelle Jacques de Jalesnes  n’avait pas encore été mis en possession d’une commanderie. Un élément indirect, étonnant, concernant une de ses campagnes sur les galères de l’ordre de Malte,  apparait dans les registres paroissiaux de Vernantes. A la date du  23 novembre 1630 a été baptisé‟ Jacques,  turc de nation, natif de la ville d’Alger, agé de 14 ans ou environ”. Cet enfant ‟ a été  pris sur mer par Monsieur le chevalier de Jalesnes et luy amené  en France ”.  Et a été  parrain Jacques de Jalesnes chevalier de l‘ordre de Saint-Jean de Jérusalem et marraine Eleonor de Maillé Brezé tous de cette paroisse[3]. Lors d’un combat ou lors d’un arraisonnement  d’un navire musulman le navire  de Jacques de Jalesnes a probablement eu le dessus et parmi les prisonniers ou survivants le chevalier Jacques de Jalesnes a pris sous sa protection un enfant et l’a ramené en France ,à Vernantes où vit la famille du commandeur.

Jacques de Jalesnes est déjà commandeur d’Ansigny, charge obtenue entre 1638 et 1642,  quand il prend  possession de La Feuillée[4] le 30 mai 1642.  La minute de prise de possession nous apprend qu’il en fut pourvu officiellement le 12 octobre 1641. Il sera un des derniers commandeurs de la Feuillée/ le Palacret  à venir en personne prendre possession de sa commanderie  et non pas à déléguer  et donner procuration à une autre personne pour officialiser cet acte et à s’installer dans la commanderie du Palacret[5]. Cette prise de possession se déroulant selon un cérémonial spécifique j’ai souhaité reproduire ci-après le document qui le décrit : ‟ Ce jour trantiesme de may mil six cents quarente deux Nicollas Roumoullin not(ai)re des juridictions de la Feillée, Quemper-(Coran)tin, Pontmelve et Pallacret et aultre lieux dependants scavoir faisons que estans en nostre demeure ord(inai)re a la ville de Guingamp nous aurions este mandé et commandé par hault et puissant messire Jaques de Jalesme seigneur commandeur d’Ansigny, et messire Ollivier Budes seig(neu)r commandeur d’Ozon de les accompagner jusques au mannoir du Pallacret principalle demeure des seig(neu)rs cheva(liers) commandeurs des dites commanderyes de la Feillée, Pallacret, Pontmelve, Quemper (Coran)tin et leurs dépendances. Et y estant  rendu de compaignye auroit esté aussy mandé Yves Godest aussy no(tai)re desdites juridiction, comme aussy aurions trouvé Jan Le Ravet et Louis le May, jardiniers du jardin dud(it) mannoir et ses appartenances. Et en nos presances ledit seigneur de Jalesme, lieutenant de Monsieur le Mareschal de Brésé au gouvernement de la ville et chasteau d'Angers, capitaine entretenu a la marine, lequel a declaré estre pourvu de ladite commanderye  de la Feillée et ses dependances dont est mort saezy et pocesseur hault et puissant Messire Rene de Saint Offange chevallier du mesme ordre de Sainct Jan de Hyerusalem. Et a requis aud(it) seigneur com(man)deur d’Ozon de voir et considérer ses lettres et bulles de provision desdites  commanderyes qu il en a l’endroit apparus portant datte du douziesme du moy d’octobre dernier, debuement garanti  signe Luca Bonus[Le Bon] coadjutor vis cancellarius, ou est le seau dud(it) ordre y attaché. Et appres les avoir veu et meurement considere de mettre et induire en la reelle et actuelle possession desdites commanderyes  a commancer par le mannoir du Pallacret  et a continuer comme besoign sera cy appres. Ce que led(it) seig(neu)r commandeur d’Ozon ayant faict et declaré avoir plaine cognoissance desdites lettres et de leur tenneur, il a faict commandemant auxdict Le Ravet et May jardiniers susdit de faire ouverture tant de ladite chappelle, mannoir  et leurs dependances, ce quils ont faict. Et ayant ouvert lad(ite) chapelle y avons entrées de compaignye ou led(it) seigneur de Jalesme  auroict faist le signe de la croix, prins de l’eau beniste et d’icelle aspergé ledit seig(neu)r commandeur d’Ozon et sousdits notaires, puis auroict allumé un cierge de cire jaulne  et icelluy posé sur le principal autel de ladite chapelle  et de la se seroict  mis à genoux devant le cruciffix et rendu graces à Dieu et baizé l’autel, et de la se seroict retiré a la porte de ladite chappelle, et  sonné la cloche.  Et ce faict avons entré par la principalle porte de ladite maison en la court, et nous a esté pareillement  ouverte la porte de la principalle maison et entré en la salle ou il auroict faict faire feu et fumé. Et de la auroit esté conduit au jardin dudict mannoir par la porte qui respond sur la court dudict mannoir  ou le dit seigneur de Jalesme a rompu bois, branches, et seul s'y est promené et y a faict touttes sortes d’actes denottant bonne et vallable possession prendre et (…) et y est demeuré seul et paciffique pocesseur sans trouble ny empeschement de personne. De quoy le seigneur de Jallesmes nous a requis  luy dellivrer acte de luy valloir et servir comme appartiendra.  De quoy nous no(tai)re lui avons accordé led(it) jour trantieme may mil six centz quarante deux tant avant midy  et ont signe sur la minutte de cestes (?)

 Ainsy signe Ollivier Budes commandeur d’Ozon et pareille au seigneur de Jalesme commandeur de la Feillée et d’Ansigny, Roumoullin no(tai)re, Y Godest not(ai)re, lad(ite ) minutte vers luy (deux mots suscrits) demeure”.

Dans la foulée de cette prise de possession il va ‟choisir” les personnes qui vont assurer les offices nécessaires à la tenue des  juridictions de sa commanderie[6]. Le 5 juin 1642 Jacques de Jalesnes s’est transporté en la ville de Guingamp pour les affaires de sa commanderie. Il a vendu les ‟ offices de sénéchal, alloué et lieutenant, procureur fiscal et greffier, des dites juridictions de Pontmelvé, Palacret et leurs membres et dépendances à François le Goff sieur de Kereven et à Ollivier  Mahé sieur de Langoat  comme ils l’exerçaient  ci-devant… avec faculté d’y établir gens capables pour l’exercice des dites offices ” laquelle vente intègre également les charges de notaires et sergents. Les dits Le Goff et Mahé se sont engagés solidairement à payer au commandeur la somme de quatre mille livres tournois. Ils ont versé le même jour la somme de mille livres tournois en ‟ bonne monnaie par le poids” et s’engagent à verser cinq cents livres sous 2 mois et 2500 livres à Noël prochain. Lesquelles trois mille livres se paieront, aux termes prévus, en la ville de Saumur entre les mains de maître François Boucteau notaire.

 

Afin de mieux maîtriser la gestion de sa  commanderie qui couvre toute la Basse-Bretagne, une province où la quasi-totalité de ses vassaux ne parlent que le breton, langue que le commandeur de Jalesnes  ne connait pas, il va nommer François Budes du Tertre-Jouan  comme son procureur spécial. Le fief des  Budes du Tertre-Jouan  s’étendait sur des terres en Ploufragan, Trégueux, Langueux et la paroisse Saint-Michel en Saint-Brieuc  tous ces lieux situés à moins de 50 kilomètres de la commanderie du Palacret. En 1642 François Budes  était déjà chevalier de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et connaissait parfaitement la commanderie du Palacret. Le  16 juillet 1623, lors de la tenue de l’assemblée provinciale du prieuré d’Aquitaine le frère Charles Chenu du Bas-Plessix  avait présenté la candidature de François Budes,  laquelle assemblée avait nommé une commission  chargée d’établir les preuves de noblesse et légitimité  du postulant.  Ce fut le chevalier  Charles de Saint-Offange qui présenta les preuves établies par la commission lors de l’assemblée provinciale du prieuré d’aquitaine 22 juillet 1624 et malgré quelques réserves[7] du côté de la branche maternelle François Budes fut accepté dans l’Ordre de Malte. En 1634 René de Saint-Offange, commandeur de la Feuillée/le Palacret

depuis 1612, pour l’aider dans sa gestion va déléguer la fonction de receveur de la commanderie de la Feuillée à François Budes  seigneur d’Argantel[8]/[9]. Ce dernier  va assurer cette fonction jusqu’au décès en 1641 de René de Saint-Offange. A noter que de 1638 à 1641 François Budes assura toute la gestion de la commanderie de la Feuillée, le commandeur en titre, René de Saint-Offange, ayant rejoint l’ile de Malte. Il va la poursuivre en 1641 et 1642 comme subrogé en ces droits par les seigneurs du commun Trésor de Poitiers, durant le mortuaire et la vacance qui doivent s’appliquer suite au décès du commandeur[10]. Sa fonction de procureur spécial auprès du commandeur Jacques de Jalesnes pris fin au premier mai 1648. En 1662 le prieuré d’Aquitaine le nomme procureur de  la Feuillé pendant la nouvelle vacance de cette commanderie, ce qui nous permet de déterminer que le commandeur Jacques de Jalesnes décéda avant le premier mai 1661. Il en était toujours le commandeur en 1659[11].

Quelques années plus tard, en 1670, François Budes est encore nommé procureur de la commanderie de la Feuillée pendant la vacance  suite au décès de Jean-Denis-Gabriel de Polastron de la Hillière  successeur de Jacques de Jalesnes. François Budes se fera  ponctuellement remplacer par son frère Ollivier, également chevalier de Malte, lors de ses séjours à Malte.

 

 

A la lecture des titres de Jacques de Jalesnes il apparait que ce dernier cumule, comme nombre d’autres commandeurs à la même époque, les titres et charges. Ainsi  lors de sa prise de possession de la Feuillée il est mentionné en tant que : ‟ haut et puissant seigneur, messire Jacques de Jalesnes, chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur des commanderies de la Feuillée, Pontmelvé, Quemper-Corentin, Palacret et leurs membres, et encore commandeur d’Ansigné, Cimeray (Civray), Sausay et leurs dépendances, et lieutenant de monseigneur le maréchal de Bresay[12] au gouvernement de la ville et château d’Angers, capitaine entretenu à la marine pour sa Majesté &ca ”.  La charge ou fonction de

de lieutenant du maréchal de Maillé-Brezé se comprend aisément : son frère ainé  Charles de Jalesnes[13] a épousé Eléonor de Maillé-Brezé.

 Déjà en 1635 ce cumul n’est pas sans poser quelques problèmes à l’Ordre ainsi que l’atteste une lettre de Richelieu transmise le 21 avril 1635 au grand maître de Malte[14]. Le grand maître craignant une attaque des turcs contre l’ile de Malte bat le rappel de ses chevaliers. Richelieu l’assure qu’il contribuera selon ses possibilités au service de la Sainte Croix  mais simultanément il le prie de tenir pour excusés les sieurs commandeurs et chevaliers dont il fournit une liste en mentionnant qu’ils ″sont  en mer et dans les places dont il a plu au roi me commettre la garde″. Et parmi les 11 chevaliers cités figure Jacques de Jalesnes.

 

Il apparait que Jacques de Jalesnes, fut de 1642 à 1649 plus  présent dans le secteur d’Angers du fait de sa commanderie d’Ansigny et de ses fonctions sur Angers. En 1649 il quitta le commandement du château de la ville d’Angers et les commissaires chargés de la visite d’améliorissement de la commanderie de la Feuillée notent  en conclusion de la visite d’améliorissement de la commanderie de la Feuilléee le 30 juin 1655 que le commandeur : ‟ a toujours continuellement et actuellement résidé sur ladite commanderie [de la Feuillée] et membres qui en dépendent pour y maintenir les droits et devoirs qui y estoient usurpés et qu’on usurpoit et que ce fut l’année 1649 qu’il y commença sa résidence actuelle”. Il est probable que ce fut la raison pour laquelle en  1653 ou 1654, pour ‟rapprocher” son autre commanderie de la Basse-Bretagne il obtint de  prendre la direction de  l’Ancien  Temple d’Angers à la place de la commanderie d’Ansigny. Pour autant il fut relativement peu présent aux deux réunions annuelles obligatoires du prieuré d’Aquitaine à Poitiers (la réunion du chapitre à compter du premier lundi de mai, et l’assemblées provinciale à la Sainte Marie-Madeleine) : sur la période 1638 à 1660 il ne participa qu’à 12 réunions sur les 46 programmées (A2).  A noter cependant que son prédécesseur, René de Saint-Offange, commandeur de la Feuillée de 1612 à 1641 ne participa qu’à une seule, ayant obtenu en 1617, vu la distance, délégation pour assurer les fonctions de procureur et receveur pour la Basse-Bretagne.

 

 

Ce même cumul de fonctions explique le peu de traces quant à sa présence sur le territoire de sa commanderie de la Feuillée.

Il est cependant possible de relever les travaux qu’il a engagés en ce qui concerne l’église paroissiale de Saint-Laurent. Sa commanderie du Palacret est située sur cette paroisse et  son église paroissiale fait partie des 13 églises de la commanderie de La Feuillée dont les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem étaient les fondateurs et à ce titre les seigneurs temporels et spirituels et en conséquence totalement hors de l’autorité de l’évêque ; ce qui sera cause de multiples conflits entre les évêques et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

Au milieu du XVIIe  siècle, le clocher doit  être reconstruit. Son pignon ouest, surmonté d’un petit campanile menaçant ruine, sera remplacé par un clocher-mur du type dit Beaumanoir. Ce clocher sera formé de deux  baies rectangulaires, surmontées d’une troisième et d’un petit clocheton en forme de dôme. Dans  chacune des trois baies sera suspendue une cloche. Pour ce en 1649 sous Guillaume  Le Roux, recteur de Saint-Laurent (de 1632 à 1674), et le commandeur du Palacret, Jacques de Jalesmes  (de 1641 à 1659), un marché est passé pour  la reconstruction du pignon et du clocher.

 Cette entreprise travailla rapidement, et  sur le compte-rendu du 29 avril 1650  il est porté  ‟décharge de la somme de neuf cent soixante livres payées par François Janin et Jan Lanhelbat, fabriques et marguilliers, à Jan Le Louet,  entrepreneur à  Guingamp  et à ses associés, Jan Prigent et Guillaume Labbé [15]”.

Trois mois plus tard, le 27 juillet 1650,  a eu lieu la bénédiction d’une cloche, nommée Jeanne, par le seigneur Jacques de Jalesmes,  commandeur du Palacret,  et Jeanne du Dresnay, dame de Kernavalet, de la Roche Huon, Trobescond. Cette cloche sera la seule à survivre, au décret 1256 du 23 juillet 1793  imprimé pour diffusion par le directoire des Côtes-du-Nord, mentionnant que la Convention nationale avait décrétée « qu’il ne sera laissé qu’une seule cloche dans chaque paroisse [….] que toutes les autres devront parvenir  aux fonderies les plus voisines dans un délai d’un mois pour y être fondues en canons». Et au début du XXIe siècle elle sonne toujours dans le clocher de l’église de Saint-Laurent.

 

Cette entreprise de reconstruction va occasionner  un procès devant la cour de Rennes[16] déclenché par «  haut et puissant messire Louis de Rohan, prince de Gueméné, comte de Rochefort, marquis de Marigny, seigneur de la chatellenie du Poirier». Ses armes qui auraient été présentes sur l’ancien clocher  auraient été effacées sur le nouveau ; il revendique  en outre  le titre de seigneur fondateur de l’église.

Dans sa requête, présentée le  29 novembre 1650,  nous pouvons lire : ‟ […] fait intimer et signifier à Guillaume Le Roux recteur, Pierre  Le Roux et Jan Guyomar marguillers, Jacques de Jalesme commandeur dudict lieu [….],
dit que de tout temps immémorial [… ] de mémoire d’homme, voir dès avant plusieurs siècles, les armoiries des seigneurs du Poirier sont aux plus éminents lieux de l’église paroissiale de Saint-Laurent Lanlouran voisine dudit château du  Poirier, par exprès dans la grande porte d’icelle église, au-dessous du clocher il y a un grand écusson en bosse et pierre et la billette soutenue de deux lions, au timbre en face avec lambresquins couronnés et surmontés d’un arbre de poirier  o son fruit de poire, ce qui  dénote  une ancienne preuve de fondation.

Vu que dedans les vitres du chœur il y a quelques écussons des Poiriers ; l’un de messire Jan sieur du Poirier, comte de Quintin, l’autre de dame Ollive de Rouyer sa  première femme.

Ce que reconnaissent notoirement les paroissiens dudit Saint-Laurent.

Faisant marché de rebâtir le clocher de leur église mi tombé de caducité ils conditionnèrent  que ledit écusson serait conservé en son entier et forme ancienne  au moyen d’une voute sur le portail, ce qui a été fait.

Mais les artisans, par l’instigation sourde de quelque ambitieux, ont premièrement mis une croix simple sans écusson dans le beau milieu du dit clocher, ce qui ayant été toléré quelques mois ils ont posé une croix  à huit pointes dans la galerie au haut dudit clocher, et mis les armoiries du commandeur du Palacret  et son nom dans la cloche neuve à la fonte.

Quelles innovations  et entreprises préjudiciant aux droits honorifiques, prééminences  et prérogatives du seigneur du Poirier…”.

Après diverses requêtes, réquisitions et arrêts, la Cour enjoint le plaignant et les mis en cause  de produire les actes qui pourraient justifier de leurs droits. Le commandeur du Palacret fournit plus de vingt documents, couvrant la période 1525 à 1646, apportant la preuve de ses droits et prééminences sur ladite église. La cour note, le 19 avril 1652, que ‟la production du prince de Guéméné est blancq et sans aucun acte”.

Le 9 juillet 1652,  la cour de Rennes statue en ces termes : ‟ nous avons déboutté et débouttons ledit de Rohan de ses demandes. Et en conséquence avons maintenu et maintenons  ledict commandeur de Jalesme au droit de fondateur, patronnage, présentation de la rectorye de ladicte église et tout autour lui appartenant.

Avec deffance à touttes personnes de luy troubler a l’advenir directement ou indirectement et avons condamné ledict de Rohan aux dépans de l’instance.
fait aux requestes du pallaye à Rennes le neuffiesme jour de juillet mil six cents cinquante deux[…] ”.

Il est encore possible de mettre en avant divers documents preuves ponctuelles de sa présence sur le territoire de sa commanderie de la Feuillée. Le 31 mars 1654, présent en son manoir du Palacret il attribue la ferme  du moulin du Palacret à Jean Trobel, pour une durée de 7 ans, pour un montant annuel de 72 livres[17].

Jacques de Jalesnes est présent, à Poitiers,  à la réunion annuelle du chapitre qui débuta le 3 mai 1655. Dès l’ouverture le grand prieur d’Aquitaine a présenté une lettre de son Eminence le grand maître  de Malte datée du 12 juillet 1654. Lettre par laquelle il transmet un décret du Conseil de Malte ‟pour obliger chaque commandeur à faire les améliorissements et terriers de leur commanderie”. Par ailleurs à la décision du grand prieur des visites périodiques, aujourd’hui nous dirions des audits périodiques, des commanderies sont programmées. A noter qu’au XVIIe siècle la périodicité de  5 ans  prévue par les statuts est manifestement peu respectée. Il existe une visite dite d’améliorissement qui elle se fait à la demande du commandeur. Le déroulement de cette dernière est identique aux autres visites mais un résultat positif induit généralement une promotion pour le commandeur concerné. Le fait que le grand maître  impose une visite d’améliorissement à tous les commandeurs est un signe manifeste d’une dégradation de l’état des commanderies et surtout de leurs revenus. Sur cette période  dès l’ouverture de quasiment toutes les réunions du chapitre le receveur  se trouve dans l’obligation de faire des relances auprès des nombreux commandeurs qui n’ont pas  versé  à l’Ordre leurs ‟responsions” (taxes) imposées par les statuts(A1). Ainsi lors de la réunion du chapitre du 2 mai 1644 Jacques de Jalesnes avait bien payé les 1107 livres, 5 sols et 10 deniers dûs sur sa commanderie de la Feuillée mais pas les 680 livres 6 sols et 20 deniers  dûs sur sa commanderie d’Ansigny.

Jacques de Jalesnes  en possession de sa commanderie de la Feuillée depuis 1642 considère qu’il l’a améliorée et va, en conséquence des directives du grand maître, lors de cette même réunion du chapitre,  demander que lui soit désignée une commision pour faire la visite d’améliorissement de sa commanderie de la Feuillée, ce qui lui a été délivrée.  La visite va être assurée par René le Vexel du Tertre[18], commandeur de Villegast  et  René de Sallo de Semagne[19]. Le rapport de visite qu’ils vont établir est particulièrement détaillé et riche d’informations quant au fonctionnement de la commanderie de la Feuillée, son fonctionnement et les personnes qui l’assure. En outre y  figurent  des informations extraites de documents consultés au cours de ladite visite et qui n’ont pas été conservés dans les archives du XXIe siècle. Les deux commissaires arrivent à Guingamp le 9 juin 1655 et de là se rendent à la commanderie de Pont-Melvez  lieu convenu pour rencontrer Jean Barrault sieur de la Louisière  procureur nommé par le commandeur Jacques de Jalesnes pour les accompagner et guider au cours de la visite. En effet dès le 4 mai 1655 le commandeur les a informés qu’il ne pourrait ‟ lui-même les y conduire  étant occupé … afin d’aller commander une des galères de notre Ordre à Malte pour le service de la Religion”. Avant de commencer les deux chevaliers de l’Ordre ‟ la tête découverte et la main close sur la croix et l’habit de notre Ordre, jurant en la main l’un de l’autre de fidèlement vaquer à l’exécution de ladite commission” ont ensuite fait appel à Yves Le Bouedec notaire royal de la paroisse de Duault qui prête  serment de fidèlement rédiger par écrit tout ce que les deux chevaliers trouveront.

Le sieur de la Louisière va leur remettre les documents qui devraient leur permettre d’apprécier les améliorations réalisées par le commandeur Jacques de Jalesnes depuis sa prise de possession :

Documents sous René de Saint-Offange (1612-1641) : rentier de 1621 à 1633 ( 273 feuillets), visite d’améliorissement de 1617.

Documents sous Jacques de Jalesnes (1642-1655 : rentier du 3 mars 1643 à juin 1655 (1340 feuillets), visite d’améliorissement commencée le 26 septembre 1643, 5 cahiers divers contenant les aveux et hommages des vassaux, l’état des procès, l’état des travaux réalisés et un mémoire général des revenus certains  et annuels de la commanderie.

Dès le 10 juin les commissaires quittent  Pont-Melvez pour se rendre à La Feuillée et visiter les possessions de l’Ordre situés dans le Finistère (évêchés de Cornouailles, Vannes, Léon), en cours de route ils contrôlent  certaines situées dans l’évêché de Tréguier. Ensuite ils reviennent vers l’est contrôler les possessions situées dans les Côtes d’Armor (évêché de Tréguier essentiellement) possessions de la commanderie du Palacret, puis de Pont-Melvez  pour terminer les 28 et 29 et 30 juin au manoir de la commanderie du Palacret sur la paroisse de Saint-Laurent-Lanlauran. Ont été visités  tous les manoirs (3), églises (13), chapelles (24), moulins(15),  contrôlés 600 rentes diverses, maintien des biens fonciers (736 quévaises) et les recettes afférentes, les procédures en cours, les dépenses pour travaux, les dépenses du quotidien, les versements à l’Ordre, au roi et les pensions supportées par la commanderie[20].

Parmi tous les rapports de visite, conservés, de la commanderie de la Feuillée ce procès-verbal de 248 pages est très probablement un des plus précis et détaillé. Il est évident qu’il fut particulièrement bien préparé. Un exemple ressort lorsque le 30 juin 1655 les commissaires se sont rendus au bourg de la paroisse de Saint- Laurent-Lanlauran, paroisse où se situe la commanderie du Palacret et qu’ils notent ‟où étant secrètement et en l’absence dudit sieur La Louisière nous sommes enquis”, auprès de 5 notables de la région (1 recteur, 3 notaires et 1 marchand), ‟de la vie et management dudit sieur commandeur ”. Et que les réponses de tous ces notables  contiennent exactement les termes que le sieur de la Louisière avait lui aussi utilisé pour décrire le comportement du commandeur (A3). Or tous ces notable habitent soit Saint-Laurent soit les paroisses voisines, que ces notables mentionnent que le  commandeur vient parfois au Palacret  mais ‟ bien savoir que ledit commandeur fait sa plus ordinaire demeure audit Pont-Melvez” soit à plus de 30 km.

 

 

Le fil de cette visite nous fait découvrir que mandatée par le prieuré d’Aquitaine une visite de la Feuillée débuta le 26 septembre 1643  soit une année après la prise de possession par le commandeur Jacques de Jalesnes.

Il nous permet également de percevoir que le commandeur s’écarte de plus en plus d’une gestion en direct. Dès 1642 il a vendu toutes les charges concernant les  juridictions  de sa commanderie. Le 8 novembre 1643 il a affermé sa commanderie de la Feuillée  pour 5 ans pour un montant annuel de 9000 livres, malheureusement il n’en fournit pas les limites.

Le procès-verbal de la visite fournit également des éclaircissements quant aux revenus, dépenses, charges de la commanderie ainsi qu’une comparaison globale avec les revenus sous René de Saint-Offange le précédent commandeur.

Ainsi en juin 1855 le sieur de la Louisière déclare que le revenu annuel estimé de la commanderie de la Feuillée est de 11113 livres alors que du temps de René de Saint-Offange lors de la visite d’améliorissement  terminée le 26 novembre 1617 le revenu n’atteignait que 6562 livres 13 sols 8 deniers. Mais il y a lieu de considérer  que l’essentiel de l’écart entre ces 2 valeurs ne résulte pas uniquement des améliorations réalisées par Jacques de Jalesnes. En effet pendant le mortuaire et la vacance résultant du décès de René de Saint-Offange, c’est-à-dire environ 2 années, la commanderie de la Feuillée a été affermée pour 9000 livres.

Depuis sa prise de possession Jacques de Jalesnes  a dépensé 7325 livres et 4 sols en réparations diverses au niveau de sa commanderie. Pour maintenir ses droits et privilèges  il engagé au Parlement de Rennes de nombreuses procédures  et poursuivies celles déjà engagées avant lui. Le coût de ces procédures, 13 années après son arrivée, s’établit à 8118 livres. Il a encore dépensé 400 livres pour obtenir des lettres patentes du roi pour l’établissement de 4 foires par an et 1 marché par semaine à Saint Eloy paroisse de Louargat. Il a engagé 800 livres afin de réaliser le terrier[21] et rentier[22] de sa commanderie. A ce niveau, très probablement pour se mettre en avant, à sa demande le  22 juillet 1657, lors de l’assemblée provinciale à Poitiers, où il est absent, Louis de Torchard de la Panne, commandeur de Roche et Villedieu, présente le papier terrier de la Feuillée. Le commandeur de la Panne demande qu’une commission soit nommée pour les voir. René le Vexel du Tertre commandeur de Villegast et Antoine de Rity Vitre nommés pour ce rapportent les avoir vus et trouvés faits et de bonne forme. Les terriers vont être mis dans les archives du prieuré d’Aquitaine à Poitiers. Son procureur mentionne encore 475 livres et 14 sols  de dépenses diverses : pour la portion congrue des vicaires de Mael-Pestivien et Pont-Melvez 136 livres ; pour droits de procuration et de visites de l’évêque de Tréguier 14 livres ; pour le moulin du Louch 215 livres 14 sols( 62 boisseaux de seigle, 8 boisseaux de farine, 2 chapeaux de paille, 2 faucilles, un quartier de mouton, 4 sols de pain, 2 pots de vin !  ).

Soit un total de dépenses de 16168 livres 4 sols non compris les 800 livres engagées pour la réalisation des terriers et rentiers.

Les chevaliers enquêteurs vont conclure leur visite en spécifiant : ‟ certifions les présents améliorissements être bons et valables et contenir vérité. De quoi avons signé la présente et fait signer audit Bouedec notaire. Le trentième et dernier jour de juin mille six cent cinquante cinq audit bourg de Saint-Laurent sous le porche de l’église dudit lieu.

Signé  frère René le Vexel, frère  René Sallo chevalier de Semagne, J. Barrault de la Louisière, Bouedec notaire  royal”.

Le 23 juillet 1655, second jour de l’assemblée provinciale tenue à Poitiers, René le Vexel du Tertre, commandeur de Villegast a présenté les améliorissements de la Feuillée faits aux frais et diligence de frère Jacques de Jalesnes et demandé des commissaires pour les voir. Ont été nommés Olivier Budes, commandeur d’Ozon, et Louis de Torchard de la Panne, commandeur des Roches et Villedieu. Lesquels ont rapporté avoir vu les améliorissements et les avoir trouvés bons et valables. Tous les présents à l’assemblée ont été de l’opinion des commissaires et les ont reçus.

 

 

Le 20 novembre 1658 Jacques de Jalesnes est à Guingamp en l’hostellerie où pend l’enseigne de la tête noire. Il poursuit sa démarche de déléguer la gestion de sa commanderie de la Feuillée. En effet il rédige un acte par lequel il baille et délaisse à titre de pure et simple ferme pour le temps et respit de neuf ans entiers consécutifs et neuf parfaites cueillettes la commanderie de la Feuillée avec ses membres et dépendances qui sont Quimper-Corentin, Palacret, Pont-Melvez , Maël et Louch, le Croisty, Plouaret, Saint-Jean de Plélo, avec les devoirs de lods et ventes, rachats, déshérence, quévaises et autres droits[23]. La dite ferme générale de la commanderie est attribuée à noble homme Jacques Le Brun sieur de Kerprat et à damoiselle Béatrice Coupé son épouse(A4). Le contrat prend effet à compter du 1 mai 1659 et les preneurs s’engagent à payer annuellement la somme de 12000 livres tournois. La moitié soit 6000 livres est à payer aux fêtes de Noël 1659, 3000 livres au 20 avril 1660 et le restant au jour et fête de la Magdeleine en juillet 1660 et ainsi de suite pendant les 9 années.

La négociation fut compliquée, les archives ont conservé un premier projet daté du même jour pour un montant de 14000 livres sans restrictions quant aux biens et droits de la commanderie ne comprenant que 3 pages. Le contrat définitif est établi sur la base de 12000 livres  et comprend de multiples restrictions et se compose de  11 pages.  Le contrat définitif exclut les bénéfices et offices des juridictions de la commanderie. Avec le cas particulier des juridictions du Palacret et de Pont-Melvez qui à la date du contrat sont entre les mains du sieur du Kereven Le Goff. Le sieur de Kerprat pourra en jouir à l’échéance du contrat dudit Le Goff.  Les chapelles également ne font pas partie du contrat de fermage.  En conséquence de ces deux exclusions il est précisé  que le sieur et dame de Kerprat ne sont pas tenus d’assurer les frais des procès criminels,  ni l’entretien des chapelles  ni  celui du personnel ecclésiastique. Ils n’ont pas à payer les charges ordinaires, ni extraordinaires des commanderies imposée ou à imposer tant vers l’ordre de Malte que vers le roi. Est encore hors du périmètre du contrat de fermage de la commanderie ‟ ce qui a été baillé par le seigneur commandeur de Jalesnes au commandeur de Mauléon François Budes du Tertre-Jouan aux paroisses de la Feuillée, Comana, Scrignac, Plounéour, et autres paroisses mentionnées dans le rentier particulier de la Feuillée et du rentier de Maël et Louch, Pont-Melvez, Saint-Laurens-Lanlouran…

Ce contrat va encore intégrer nombres d’autres précisions telles que :

·         Les preneurs ne pourront jouir de la métairie de Pont-Melvez qu’à compter de la Saint-Michel prochaine et qu’en conséquence 300 livres seront déduites du terme de la Sainte-Magdeleine.

·         Ils jouiront des droits de pêche des étangs et des émondables sauf ceux de la rabine de Pont-Melvez.

·         Les sieur et dame de Kerprat devront payer : au prêtre chapelain de Landivisiau 200 livres à la Saint-Michel ; au sieur Roct de Maël 64 livres ; au sieur Moidic 40 boisseaux de seigle ; à la dame de Menec 22 boisseaux de seigle suivant l’aprécis de Carhaix ; au seigneur évêque de Tréguier 14 livres pour droits de procuration et à son archidiacre 72 sols pour droit de visite ; au vicaire de Pont-Melvez 36 livres  et 12 boisseaux de seigle ; au jardinier du Palacret 120 livres[24] !
Ces sommes seront déduites par le commandeur chaque année du paiement dû aux fêtes de Noël.

 

 

 




 



[1] AD 49, Registre des baptêmes de Vernantes période 1583-1637,  en ligne vue 2 page 5.

[2] BnF NAF 3067,  Registre capitulaire du prieuré d’Aquitaine période 1590-1617, P 177 et P 186.

[3] L’acte de baptême porte les signatures suivantes : frère Pacifique de l’ordre de St François de Salles, le chevalier de Jalesnes, Eléonor de Maille Brezé, Monyer servant d’eglize.

[4] Prise de possession du Palacret AD86, 3H1 464.

[5] Depuis Pierre de Keramborgne, commandeur de la Feuillée de 1433 à son décès en 1449, les commandeurs ont abandonné le manoir de la paroisse de la Feuillée et se sont installés au Palacret.

[6] AD22 B art 834.

[7] Une commission fut nommée avec charge à  elle d’obtenir les éléments considérés comme manquants (registre capitulaire du Prieuré d’Aquitaine BnF NAF 3068).

[8] François Budes utilisera indifférement pour se désigner le nom de la seigneurie d’Argantel ou celle de la seigneurie du Tertre-Jouan cette dernière prenant le dessus au fil des ans.

[9] BnF NAF 3068 : réunion du  chapitre du 3 mai 1672 conflit entre Louis Torchard de la Panne, commandeur de la Feuillé et François Budes du Tertre-Jouan.

[10] Le mortuaire va du décès au premier mai qui suivra ; la vacance débute à compter de ce premier mai et dure une année. Le revenu de la commanderie sur ces 2 périodes revient en intégralité au Commun Trésor du prieuré.

[11] Extrait des registres du Palacret AD22, H576.

[12] Probablement  Armand de Maillé-Brézé.

[13] Charles de Jalesnes, marquis de Jalesnes, écuyer sieur de Beunèche, chevalier de l’ordre du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, conseiller en ses conseils d’Etat privé et des finances.

[14] Collection de documents inédits sur l’histoire de France, Lettres instructions diplomatiques et papiers d’etat du cardinal de Richelieu, recueillies et publiées par M. Avenel, tome 4- 1630-1635, Paris, imprimerie impériale, 1861, p.715 et p.716.

 

[15] : Mémoires de M. Quémar,  recteur de Saint-Laurent  - Archives du diocèse de Saint-Brieuc.

[16] Compte-rendu de la visite ″ d’améliorissement ″de la commanderie du Palacret en 1655- AD22 cote H 519.  Année 1654, papier censif et déclaratif de la commanderie du Palacret AD22 cote H 509.

[17] AD22 H 509.

[18] Reçu dans l’Ordre en 1607.

[19] Reçu dans l’Ordre en 1631.

[20] Possessions de la commanderie de la Feuillée : Yves le Moullec, Le Palacret histoire d’une commanderie en Basse-Bretagne, Roudenn-Grafik, 2021.

[21] Registre ou recueil de documents qui définissent l’ensemble des possessions d’une seigneurie, avec le nom de l’occupant, les termes du contrat qui le lient, l’aveu qu’il fait à son seigneur avec la définition des droits et devoirs qu’il lui doit.

[22] Registre listant les biens fonciers occupés par les vassaux ; Il définit les redevances de toutes natures dues au seigneur et enregistre les paiements.

[23] AD86 3H1 465.

[24] Jean Cloarec, le jardinier du Palacret, jouit d’un statut particulier. A la fin des années 1630 le commandeur René de Saint-Offange lui a attribué  gracieusement une quévaise. Toujours satisfait du travail de son jardinier le même commandeur lui fit don, d’un des privilèges dont disposaient les commandeurs à savoir le droit de vendre du vin au détail. A la mort du commandeur il s’en suivra une procédure : le sénéchal mettant en cause le privilège des commandeurs et tentant d’obtenir du jardinier le paiement des redevances  liées à la vente du vin au détail. Le nouveau commandeur Jacques de Jalesnes pris la défense du jardinier.


 

Sceau J. de Jalesnes (AD22, H515).

Armes : d’argent à trois roses de gueules boutonnées d’or. (source:Bibliothèque municipale d’Angers, ms1199, volume parchemin (velin) 78 feuillets illustrés, XVIIIe siècle : Armorial d’Anjou contenant les armes du roi de France, de la ville, de l’Eglise, de l’université, et de maires d’Angers, des ducs, comtes, barons, seigneurs et gentilhommes de la province).

De nombreux ouvrages mentionnent d’argent à 3 quintefeuilles de gueules, percées d’or. Le sceau du commandeur par l’absence de pointe sur les pétales de la fleur contredit cette dernière définition. 

Signatures, le 25 juin 1651, par frère Jacques de Jalesnes alors commandeur de La Feuillée et d'Ansigny  et par  frère Guy d'Allogny Boismorand alors commandeur du Bourgneuf, à Saint-Brieuc, du  procès -verbal, des preuves de noblesse de Claude Budes du Tertre-Jouan, Bibliothèque Nationale de Malte AOM 2355.  

Signature de Jacques de Jalesnes, le 13 juin 1654, sur le PV des preuves de noblesse de Jean-Baptiste de Sesmaisons, également signature d'Olivier Budes du Tertre Jouan, commandeur d'Ozon et de Praille, originaire du diocèse de Saint-Brieuc, Bibliothèque Nationale de Malte AOM 3406.

 

Arbre d’ascendance de Jacques de Jalesnes.

Annexes à la monographie Jacques de Jalesnes

 

A1- les responsions et pensions sur la commanderie de la Feuillée (visite d’améliorissement de 1655-AD22 H519)

Les responsions

A l’origine pour assurer en Terre Sainte le fonctionnement de son hôpital, l’accueil des pélerins et sa lutte contre les musulmans l’Ordre s’appuie sur ″ l’arrière ″. Les commanderies doivent verser une partie de leurs revenus. Le principal impôt est désigné sous le terme de ″responsion″. Après l’abandon de la Terre Sainte, les ″responsions″ sont maintenues ; même si ses objectifs ont évolué, l’Ordre assure toujours le fonctionnement de son hôpital  et poursuit la lutte contre les Turcomans depuis Rhodes, puis Malte. D’après les règlements de l’Ordre le montant des responsions est fixé, au minima, à 20% des revenus de la commanderie. Les montants versés aux XVIIe et XVIIIe siècle sont nettement inférieurs à ce pourcentage à moins que ne soient pris en compte que les revenus nets après soustraction de toutes les dépenses engagées pour le maintien du patrimoine (travaux, procédures...).

Sur la période où Jacques de Jalesnes eu en charge la commanderie du Palacret, les finances de l’Ordre de Malte vont subirent bien des vicissitudes. Le 28 mars 1642 le grand prieur d’Aquitaine convoque une assemblée extraordinaire à Poitiers[1] . Le grand prieur présente une ordonnance du conseil de l’ordre de Malte datée du 14 octobre 1641. Ordonnance qui ordonne à tous les commandeurs de transmettre la valeur certaine de leurs commanderies afin qu’elles soient transmise à Malte et ce  pour  déterminer la répartition pour le recouvrement  des 200000 livres auxquelles  l’Ordre a été condamné par le roi. Le 3 septembre 1644 le grand maître de l’Ordre transmet au prieuré d’Aquitaine la charge exceptionnelle que chaque commanderie devra verser : la commanderie de la  Feuillée doit verser 1839 livres 9 sols  2 deniers, quant à Ansigny elle est chargée de 814 livres.



[1] BnF NAF 3068.


Sceau du grand maître Joannes Paulus Lascaris Castellar sur la lettre de répartition des 200000 livres le 3 septembre 1644

Pour autant la situation financière est encore problématique et les commanderies en plus de la responsion ordinaire vont devoir verser une responsion extraordinaire pour les années 1646, 1647 et 1648. Pour la Feuillée elles sont  toutes établies  1202 livres.


Versement par Jacques de Jalesnes des responsions pour sa commanderie de la Feuillé en 1647, AD86 3H1 465.


Pensions viagères sur la commanderie de la Feuillée

Un certain nombre de chevaliers et frères servants ne  sont pas toujours en mission à Malte et ne remplissent pas les conditions pour se voir attribuer une commanderie, ou plus probablement vu le nombre de chevaliers il ne reste pas de commanderies vacantes. Afin  de leur permettre de survivre le Grand maître leur attribue alors une pension qu’il rattache à une commanderie donnée. Pour autant le pensionné ne s’installe pas dans ladite commanderie qui doit la lui verser. Ceci conduit parfois à des procédures pour pensions non versées et des difficultés de gestion dues en partie à la difficulté de transmission et la lenteur des communications.

Ci-après exemple de l’évolution des pensions sur la commanderie de la Feuillée en 1655:

Pension viagère à monsieur [Olivier] de Budes (du Tertre-Jouan], commandeur d’Ozon, la somme de 1000 livres par donation de défunt sieur de Saint-Offange. Et son éminence Grand Maître l’a [la commanderie] depuis chargé de 3000 livres lors qu’il l’a donné au sieur commandeur [de Jalesnes] et dispensé à messieurs les chevaliers et frères servants d’église et d’armes comme s’en suit :

·         Savoir à monsieur le chevalier de Chasseron 320 livres et à monsieur de Poncy pareillement 320 livres. Les 2 pensions ont été, du consentement dudit sieur commandeur, et du vivant desdits sieurs chevaliers de Poncy et de Chasseron, remises à monsieur le chevalier [Jean-Denis-Gabriel] de Polastron la Hillière [sera le successeur de J. de Jalesnes à la tête de La Feuillée].

·         A monsieur le chevalier de la Guierche 300 livres.

·         A monsieur le chevalier [Torchard] de la Panne  et de [Sallo ] de Semagne à chacun pareille somme de 320 livres.

·         A monsieur le chevalier [Foucrand] de la Noue 450 livres ; laquelle pension a été depuis  du consentement dudit sieur commandeur remise à monsieur le chevalier de Baslinière.

·         A monsieur le chevalier de Nucheze 500 livres. Laquelle pension fut séparée à plusieurs par son éminence le Grand-Maître lorsque ledit sieur chevalier eut la commanderie de grâce du Guélian. De laquelle le chevalier de Verdille en eut la somme de 200 livres, monsieur Le Cocq frère servant d’église en eut aussi 54 livres. Et nous a ledit sieur de la Louisière dit que ledit sieur le commandeur a amorti ladite pension. Monsieur le chevalier de Bret avait aussi part de ladite pension lequel étant depuis mort a demeurée amortie. Le sieur Vigneau servant d’armes lequel est aussi depuis mort.

·         Monsieur Laurencin servant d’église cent cinquante livres. Monsieur Dupas pareille somme de 150 livres

·         Le sieur Moulinet servant d’armes 170 livres.

 

Et nous a aussi dit icelui sieur de la Louisière que ledit sieur commandeur avait pareillement amorti ladite pension dudit sieur Mollinet. Lesquels amortissements et changements de pensions se justifieront en chancellerie à Malte tellement que ladite commanderie demeure encore chargée pour lesdites pensions viagères de 3500 livres”.

Ci-après montant des pensions, responsions et décimes au roi sur la commanderie de la Feuillée à une date non certaine mais postérieure à 1659 (estimée à partir des noms et fonctions assurées par les personnes citées- informations notées  sur l’avant dernière page restée vierge de la visite d’améliorissement de 1655)

Pensions qui sont sur ma connaissance de la Feuillée et quelle doit de charges et de responsions et de décimes au roi”.

Le commandeur [Salo] de Semagne  livres 320

Le commandeur de Verille    livres                   230

Le commandeur de Sausay  livres                     230

Le chevalier de Zaubiers  livres                         300

Le commandeur de Boylinière  livres               400

Le commandeur de Laurencin  livres               150

Le commandeur Lecocq  livres                            54

Le chevalier  Chatelier  livres                               300

                                                                     -----------------

                                                                                1684

Charges de responsions                                  1202. 5. 10

Décimes au roi                                                        214. 14. 6

De quelles pensions il faut ôter tellement qu’il ne reste que la somme à payer de                        1321. 6. 6

                                        1202. 5. 10

                                             214. 14. 6

                                        -----------------

                                            2738. 6. 10

Toutes ces sommes se montent à la dite somme de deux mil sept cent trente huit livres six sols dix deniers”.

 

         

                                                            

 

 

 

A2- Jacques de Jalesnes et les réunions annuelles programmées au prieuré d’Aquitaine à Poitiers

Jacques de Jalesnes sur la période 1638 à 1660 ne participe qu’à 12 des 48 réunions annuelles. Ses interventions lors de ces réunions se limitent à un nombre réduit de thèmes :

·         8 interventions pour solliciter que soient nommées des commissions chargées d’établir les preuves de noblesse et  légitimation de candidats souhaitant  être reçu dans l’ordre de Malte.

·         4 interventions pour présenter les preuves de noblesse établies par les commissions nommées à cet effet.

·         7 interventions pour contrôler les  preuves de noblesse établies par les commissaires mandatés pour cela.

·         8 interventions pour des éléments concernant la gestion de ses commanderies. Et à ce niveau apparait l’énorme importance accordée au bois d’oeuvre. Les commandeurs n’ont aucun pouvoir  d’abattre des arbres de leur commanderie même pour en assurer les réparations. Toutes les décisions à ce niveau sont prises uniquement lors des 2 assemblées annuelles tenues au prieuré d’Aquitaine.

Ainsi :

·         le 4 mai 1643 alors commandeur d’Ansigny : il  demande  des commissaires pour se transporter à sa forêt d’Ansigny et marquer du bois pour les réparations dudit lieu. A été nommé Jacques Fresneau Marygny commandeur  de Bourneuf.

C’est également levé le curé de la paroisse son église étant  toute ruinée. La plus grande part des dimes est prélevée par le commandeur d’Ansigny ; le chapitre lui accorde 4 arbres. Le commandeur de Bourgneuf est encore nommé pour les marquer et faire abattre.

·         Le 4 mai 1654 : C’est levé monsieur le commandeur de Jalesnes demande l’autorisation de faire abattre du bois  pour faire des réparations du membre du Blizon dépendant de sa commanderie du Temple d’Angers ce qui lui a été accordé sous condition qu’il prendra deux commissaires pour marquer ledit bois soit commandeurs ou chevaliers.

·         Le 3 mai 1655 le commandeur de la Panne demande l’autorisation de faire abattre des bois pour Charles Laurencin commandeur de Carentoir pour des réparations de sa commanderie. Sont nommés pour aller marquer les arbres les commandeurs de Bailleul, de Jalesnes, la Guierche, du Budes et du Pas.

·         Le 3 mai 1660 : ‟C’est levé J. de Jalesnes lequel a présenté avoir ci-devant permission de faire abattre du bois pour les réparations de l’Hôpital de Vilmoisand vulgairement appelé l’Hôpital Béconnais  dépendant de sa commanderie du Temple d’Angers mais d’autant qu’il nous a dit n’avoir suffisamment de marqué pour l’accomplissement desdites réparations. Lui avons permis de faire abattre ce qu’il jugera suffire en usant de bon mesnage ce que le tout soit employé audit lieu de Vilmoisan‟.

 

 

A3- Visite de 1655 enquête secrète (visite d’améliorissement de 1655-AD22 H519)


 

A4-  Jean Barrault sieur de la Louisière

En 1655 le commandeur Jacques de Jalesnes est absent de sa commanderie de la Feuillée /le Palacret  aussi lors de la visite d’améliorissement il est représenté par son procureur spécial Jean Barrault sieur de la Louisière. La piste ouverte par Jérôme Caouen[1] lors de ses recherches concernant un de ses ancêtres  François Hervé sieur de Launay  va orienter mes recherches sur Vernantes. En effet le dit François Hervé  fut baptisé à Vernantes (49368)  le 5 avril 1634 et eut pour marraine demoiselle Eléonor de Jalesnes  fille de haut et puissant Charles de Jalesnes seigneur dudit lieu. Lesquels Hervé quittèrent Vernantes pour Pont-Melvez  une des commanderies de la Feuillée. L’étude des registres paroissiaux de Vernantes sur la période 1600-1636 met en évidence la très grande proximité des familles de Jalesnes et Barrault de la Louisière. On peut en conclure  que Jacques de Jalesnes suite à  sa prise de possession de la commanderie de la Feuillée a  ‟apporté dans ses bagages” ledit Jean Barrault sieur de la Louisière.

 

 

 

A5- Jacques Le Brun et Béatrice Coupé  sieur et dame de Kerprat ( Annaïg Soula baille, Guingamp sous l’Ancien Régime, PUR, 1999, Chapitre VI la figure de Jacques Le Brun, pp221-255.)

Jacques Le Brun sieur de Kerprat, demeure à Guingamp. Il fait partie de la bourgeoisie commerçante  et possède une fortune bien assise sur le commerce du vin, les investissements dans la pierre et la terre. En 1644 il est maire de la ville, il sera administrateur de l’Hôtel-Dieu, puis de l’église Notre-Dame. Le 4 avril 1676 il fait l’achat de l’office anoblissant de conseiller secrétaire de la maison couronne de France et de ses finances en la chancellerie de Bretagne. Cet office donne un accès immédiat à la noblesse et au titre d’écuyer.

Jacques le Brun est le fils d d’Elie Le Brun et de Mathurine de la Grève.  Il fut baptisé le 23 novembre 1612, il a épousé Mathurine de la Grève le 28 avril 1642 et décède le 9 décembre 1685.



[1] Site de Jérôme Caouen ( tyarcaouen.synologie.me) et communications par mails.