30 - Léonor de Beaulieu de Bethomas

Léonor de BEAULIEU de BETHOMAS (Bethomas dans la majorité des documents concernant la Feuillée ; Berthomas ou Becthomas selon d’autres sources ; à noter que lui-même signe Bethomas[1]):

La souche de sa famille est située en la paroisse de Bec-Thomas dans le département de l’Eure. Vont y naître Charles l’aîné de la fratrie de Léonor, en 1632, son frère Jean en 1641, sa sœur Marie en 1644. Nous n’avons pas trouvé trace de la naissance de Léonor dans les registres paroissiaux de Bec-Thomas sur la période 1632-1645.

Originaire du prieuré de France, dans le diocèse de Chartes, il est reçu chevalier dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem le 15 février 1645.

Il obtient son brevet de capitaine des galères du roi le 14 mars 1664. Le 26 janvier 1680 il nommé chef d’escadre des galères du Roi. Le futur commandeur de la Feuillée participa activement à nombre de campagnes au sein de la marine royale française. Son action est mise en avant notamment sous Duquesne [2]. Ses faits d’armes sont cités lors de la bataille navale de Palerme où la flotte française remporta une victoire contre la flotte combinée des hollandais et des espagnols. En décembre 1676 il participe, à la tête d’un bataillon à la prise de Taormina[3] (ville située en Sicile musulmane). Il est encore mis en avant lors du bombardement de la ville de Gênes entre le 17 et le 23 mai 1684. Louis XIV ayant décidé de soumettre la ville, en représailles, pour avoir vendu des armes aux corsaires barbaresques. Son action en tant que capitaine de la galère l’Invincible est relatée dans divers rapports, ainsi que sa participation avec M. de Tourville au débarquement de deux-mille-cinq-cents hommes conduits par des capitaines des navires et galères et à l’attaque terrestre de la ville (A18).

Le chevalier de Bethomas, chef d’escadre des galères du roi, quitte pour raisons de santé, la marine royale en 1697(A27). Louis XIV va lui verser une pension de 2000 écus[4] .

De Bethomas a fait carrière dans la marine française. Mais il est surtout très bien introduit et notamment auprès du roi. Il n’est que de relever tous les avantages et bénéfices dont il est pourvu.

Le chevalier de Bethomas, chef d’escadre, obtient en janvier 1684, une pension de 4000 livres sur l’évêché de Marseille[5].

Il est nommé, avant 1684, abbé commendataire de l’abbaye royale d’Ivernaux en Brie, paroisse de Lésigny, près de Brie-Comte-Robert. Et l’on doit considérer qu’il l’obtint du fait de ses liens de famille avec Alexandre Bontemps premier valet de chambre et homme de confiance de Louis XIV : Charles, frère aîné du commandeur, épousa Anne Bontemps, sœur d’Alexandre Bontemps (A28).

Il est commandeur de la commanderie de l’ordre des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem de Slype en 1687.

Il a pris possession de la commanderie de la Feuillé le 6 décembre 1691[6]. Or il reçut la commanderie de la Feuillée, sur la demande de Louis XIV, sollicité par son confident Alexandre de Bontemps[7]. Le Prieuré d’Aquitaine avait déjà prévu l’affectation de la commanderie de la Feuillée à un autre commandeur et en conséquence imposa à Léonor de Beaulieu de Bethomas de verser une pension de 3000 livres au commandeur ″ en rang d’avoir la dite commanderie″. En 1695, il a choisi comme procureur Louis d’Aloigny de Boismorand proche parent de son prédécesseur à la tête de la commanderie du Palacret.

Il est commandeur de Fontaine-sous-Montdidier en 1694.

Lors de son décès, à Paris, le 1 août 1702 il est toujours commandeur de la Feuillée[8] et grand-croix de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Les archives départementales bretonnes nous ont délivré très peu d’informations quant aux éventuelles activités du commandeur au sein de l’ordre de Malte et ce malgré l’attribution à son bénéfice de nombreuses commanderies.

Quartiers de noblesse :

Il fit enregistrer ses armoiries dans l’armorial général de 1696, dans l’élection de Paris, sous la forme : d’argent à 6 croix de chevalier de Malte haussées de sable, posées 3 en chef, 2 en fasce et 1 en pointe.

Armes : d’argent au croissant contourné de sable, accompagné de 6 croisettes à 8 pointes du même, mises en orle, 3, 2 et 1.

Dessin Alain Berdé.

[1] Auguste Jal dans son ouvrage Abraham Duquesne et la marine de son temps mentionne : que le 3 mai 1701 dans un acte notarié passé chez le prédécesseur de M. Le Monnier, notaire à Paris, le commandeur signe ″le bailli de Béthomas, abbé Divernaux″ ; que le marquis de la Villette et M. Eugène Sue l’appellent par erreur Berthomas.

[2] Abraham Duquesne, né à Dieppe en 1610, fut un des grands marins de la marine royale française du XVIIe siècle. La ″propagande″ du roi soleil, afin de valoriser le monarque français et sa marine, utilisa et amplifia ses actions.

[3] Gazette de France du 9 décembre 1676.

[4] Gazette de France du 11 avril 1697.

[5] Gazette de France du 22 janvier 1684.

[6] AD22, H519, visite d’améliorissement de 1699.

[7] Le Moullec Yves, Le Palacret-histoire d’une commanderie en Basse-Bretagne, Rouden Grafik, 2015.

[8] Mémoire pour Jean Baptiste de Sesmaisons AD86, 3 H1 464. Gazette de France du 4 août 1702.