32 - Ours-Victor Tambonneau

Maurice Guyet, écuyer, sieur de Kerlain, prend possession de la commanderie de la Feuillée, à compter du 15 mai 1720, au nom de Ours-Victor Tambonneau. Ce dernier vivant à Malte lorsque le Grand-Maître signa, le 9 juillet 1719, la bulle qui le nommait commandeur de la Feuillée[1]. Etant toujours commandeur de la Feuillée, il fut nommé commandeur de Beauvais-en-Gâtinois en 1734, receveur-général de son Ordre dans toute l’étendue du Grand-Prieuré de France (A17). Il décède à Paris le 10 mai 1739 toujours en possession de la commanderie de la Feuillée[2]. Au niveau de la commanderie de la Feuillée, la principale œuvre de ce commandeur sera la confection d’un terrier monumental : cinq gros registres, plusieurs milliers de feuillets, près d’un mètre d’épaisseur, avec des dessins en couleurs des manoirs, églises, chapelles et moulins.

L’étude de ses quartiers de noblesse permet de comprendre pourquoi, le 16 août 1691, à l’âge de 6 ans, il est reçu de minorité dans l’Ordre avec dispense de limite, pourquoi, alors qu’il ne fut pas reçu dans le Grand- prieuré d’Aquitaine, il devint commandeur de la Feuillée, et pourquoi il fit une belle carrière au sein de l’Ordre. L’arrière grand-mère paternelle de notre commandeur, Françoise de Vignacourt, était la sœur d’Adrien de Vignacourt qui fut le soixante deuxième grand-maître de l’Ordre de Malte. Sa grand-mère paternelle, Marie Boyer, épouse de Jean Tambonneau, fille de Fançoise de Vignacourt déjà citée, avait une liaison ″quasi officielle″ avec Gaspard de Rochechouart. La grand-mère maternelle d’Ours-Victor Tambonneau, Diane-Marie Joubert, épouse de René Voyer de Paulmy, fut la gouvernante du roi et de Marie de Montespan. Toutes ces introductions expliquent probablement les raisons pour lesquelles les statuts de l’Ordre subirent quelques entorses en ce qui concerne Ours-Victor Tambonneau. Le 20 février 1727, à Saint-Brieuc, le commandeur Tambonneau fait prêter serment aux commissaires chargés de statuer sur les preuves de noblesse de Jean-Louis de la Lande afin qu’il puisse être admis page du grand-maître de l’Ordre[3].

Ours-Victor Tambonneau, fils de Michel-Antoine Tambonneau, seigneur de Marly près de Metz, et d’Angélique Voyer de Paulmy, naquit en 1785 à Solleure (Suisse) où son père assurait la fonction d’ambassadeur. Ses prénoms tirent leur origine de ce lieu de naissance. L’histoire, ou la légende, mentionne que saint Victor d’Augune fut décapité à Soleure, lieu où il confessa sa foi chrétienne au troisième siècle. Saint Ours fut décapité en même temps que son compagnon, saint Victor, pour la même cause ; la collégiale de Soleure lui est dédiée.

Armes : d’azur à une fasce, accompagnée de trois molettes en chef et d’une aigle bicéphale en pointe, le tout d’or.

[1] AD22, H519, prise de possession de la commanderie de la Feuillée.

[2] La Gazette de France (périodique d’information sur l’actualité de la cour et de l’étranger fut imprimée de 1631 à 1761) mentionne : ″De Paris le 16 may 1739-frère Urse-Victor Tambonneau, bailly grand-croix de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem, commandeur de la commanderie de Beauvais en Gatinois & de celle de La Feuillée en Aquitaine [du prieuré d’Aquitaine], mourut en cette ville le 10 de ce mois, agé de cinquante cinq ans ou environ″. La clef du cabinet des princes de l’Europe de juillet 1739, tome LXXI, Luxembourg chez André Chevalier éditeur, mentionne qu’il fut inhumé dans l’Eglise du Temple de Paris.

[3] La classe des pages du grand-maître fut instituée par Villiers de l’Isle-Adam (1521-1534), leur nombre ne pouvait être supérieur à 8 et ils devaient être âgés d’au moins 12 ans.