2- Vente du manoir du Palacret

Le 16 septembre 1797 ( 30 fructidor An V ) après expertise et estimation à 1200 livres, le manoir commandal du Palacret est mis en vente aux enchères. Malgré sa participation, Laurent Rabin, toujours meunier du moulin du Palacret, n’est pas attributaire ; c’est Maudez Le Ribault qui l’emporte pour la somme de 1100 livres (11) et dans les années qui suivront le manoir ne sera pas restauré et servira de carrière.

Cette vente fut précédée d’une expertise ; laquelle expertise était jointe à l’acte de vente conservé aux archives départementales des Côtes d’Armor (12) ; et dans ce document je découvre pour la première fois un descriptif, sans doute succinct, des principaux bâtiments qui constituaient cette commanderie du Palacret ; commanderie appartenant jusqu’à cette date à l’Ordre de Malte autre nom donné à l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem.

Il apparaît qu’à cette date, l’ensemble des bâtiments est en fort mauvais état. Le rapport insiste sur la vétusté de l’ensemble, mais ne donne pas d’éléments suffisamment précis quant aux dimensions et implantations des différents édifices pour pouvoir en faire une reconstitution argumentée.

On peut cependant noter l’existence de :

    • Un corps principal de logis comprenant au rez-de-chaussée une cuisine, une salle, un salon avec cave en dessous ; à l’étage 3 chambres avec au-dessus 3 greniers ; le tout desservi par un escalier tournant, en pierre, dans une tourelle en saillie.

    • Une boulangerie

    • Une écurie

    • Une étable

    • Une retraite à pourceaux

    • Un bâtiment relativement ruiné comprenant 3 chambres superposées

Le tout dans une cour cernée de murailles, elles aussi plus ou moins ruinées.

ANNEXES

R11

- Vente du manoir du Palacret à Maudez le Ribault ( sources : archives départementales des Côtes d’Armor Cote 1Q1 art 23 ) .

Maudez le Ribault naquit à Pédernec le 15 mai 1766 .

Il épousa à Mantallot le 11 octobre 1787 Julienne Le Bihan .

Il vécu à Saint laurent au lieu dit Roudouguin où naquirent entre 1788 et 1807 9 de ses enfants .

Il décéda à St Laurent le 25 mai 1841 .

Lorsqu’il fit l’acquisition du manoir il faisait fonction d’agent municipal .

A noter qu’il accompagna du fait de cette fonction l’expert mandaté pour estimer le manoir et ses dépendances .

Il devint ensuite maire de Saint Laurent .

R12

Estimatif du manoir du Palacret 20 thermidor An 5 ( 7 aout 1797 ); source Archives Départementales des Côtes d’Armor - cote 1Q1 /23

« L’an cinquième de la République Française le vingt thermidor je soussigné Jacques François Aufray , ancien ingénieur en chef , rapporte m’être rendu ce jour au manoir du Palacret situé en la commune de Saint Laurent , département des Côtes du Nord pour , en conséquence de l’arrêté de l’administration centrale du dit département , en date du 22 prairial dernier ( 10 juin 1797 ) , procéder à l’estimation dudit lieu , à laquelle opération j’ai vaqué de la manière suivante , en présence et sur la montrée qui m’en a été faite par le citoyen Maudé le Ribot, agent de la dite commune savoir .

Le principal corps du logis en maçonnerie de seize pieds de largeur ( 5,2m) dans œuvre , ayant sa façade au couchant ; consiste en une salle au milieu , un salon à droite en entrant , avec cave au dessous , une cuisine à gauche , chacun desquels appartement est éclairé par une seule fenêtre vers occident ; à l’étage sur ce rez de chaussé trois chambres tuilées également éclairées et trois greniers en supériorité ; le tout couvert en ardoises et desservi par un escalier tournant dans une tourelle aussi de maçonnerie en saillie sur la cour .

En appentis contre la cuisine , au côté oriental , un siège de latrine pour le service de la chambre mais condamné ;

Cet édifice qui comme le suivant est enfoncé dans le pied de la montagne se trouve par son ancienneté , fort caduc , la couverture et les planchers sont en mauvais état , les poutre étant même les unes pourries dans leur portée , les autres rompues et ne restant en place qu’au moyen d’étançons ;

Bout au midi de ce corps de logis une édifice de dix pieds de laize seulement ( 3,25 m) ; formant une boulangerie et endroit en bout deux petites chambres au dessus , dans lesquelles on ne monte que par une échelle ,avec couverture d’ardoises fort affaissée .

Au midi de la cour un autre édifice formant équerre et contenant une écurie contre laquelle est adossée une retraite à porcs , une étable à vaches avec passage et porte d’entrée dans la dite cour entre les dites écuries et étable ; des greniers au dessus sous couverture d’ardoises .

Les deux édifices sont encore plus caducs que le principal corps du logis .

Au couchant de la cour bout vers septentrion , un autre édifice en ruine et dont le comble est détruit ; il consistait dans un en bas et deux chambres l’une face l’autre desservies par un escalier particulier .

La cour en partie pavée ayant une huisserie sans fermeture à chaque extrémité et close tant par les dits batimens que par deux pans de murs , contient huit cordes superficielles ( 490 m² ) , compris l’emplacement pour les murs .Le fond pour les édifices est de six cordes ou environ .

L’avant cour contient huit cordes ( 365 m²) , aves ses pans de murs midi et nord déduction faite du passage de six à huit pieds de largeur pour le service de la chapelle donnant au levant de la dite issue ou avant cour ; laquelle chapelle fut vendue par l’administration du district de Pontrieux , le 27 floréal an 3 ( 16 mai 1795 ) au c(itoy)en Laurent Rabin fermier dudit lieu du Palacret .

Le jardin situé pour la majeure partie entre les objets ci-dessus mentionnés et la rivière Jaudy , contient avec ses fossés et défenses vingt six cordes ( 1580 m² ) .

L’issue au nord des mêmes objets ainsi que du jardin et entre le bas du côteau et la rivière , contient cent quatorze cordes compris le petit jardin pratiqué au joignant du pignon septentrion du principal corps de logis et y compris aussi les quatre petites levées qui y ont été formées .

Tous les quatre édifices et terrain j’estime valoir la somme de douze cent livres de principal ou une fois payée

Ci ………………………..1200 livres

Conclu ce jour vingt un thermidor de la cinquieme année républicaine ; Trois mots rayés nuls . »

Signé Aufray

Enregistré a Guingamp le 4 fructidor an 5

Un franc

Signé Briand

Juré