35 - Jean-François du Bouillye  Turquan de Resnon

Jean-François du BOÜILLYE TURQUAN[1] de RESNON :

Il naquit  à Hillion (dans les Côtes d’Armor), le quatre novembre mille-six-cent-soixante-dix-huit, fils de René du Boüillye Turquan chevalier seigneur de Resnon, d’Yffignac, Bonabry, Lesmeleuc, Quadelan… et de Marie-Janne Le Chevoir (A19).  Suite à un bref particulier du pape, dispensé en cours de Rome le cinq septembre 1681, le grand maître de l’ordre, au chapitre général de Malte, le 3 octobre 1681, prononce la dispense d’âge et la réception en minorité, au rang de frère chevalier, de Jean-François du Boüillye Turquan[2]. Jean-François n’a que trois ans  et l’intérêt de cette réception réside dans le fait que le décompte de son ancienneté s’incrémente à compter de cette date. L’ordre de Malte y trouve son intérêt du fait que la famille du nouveau chevalier a dû verser un droit dit de passage de trois mille-huit-cent-dix-huit livres et dix sols  plus un autre versement de  trois cents livres pour l’obtention du bref en cours de Rome.

 

[1] Dans les actes de la fin du XVIIe siècle, notamment les registres paroissiaux, l’orthographe de Turcant est éminemment variable. On retrouve fréquemment Turquant. Nous avons retenu l’orthographe du Boüillye Turquan qui figure dans le gros dossier (160 pages) des preuves de noblesse établi par l’ordre de Malte en 1699 afin que Jean-François puisse être admis au rang des frères chevaliers de l’Ordre. Il s’agit également de l’écriture qui apparaît dans les différentes signatures, que nous avons pu relever, des membres de la famille autour de l’année 1699.

[2] Preuves de noblesse de Jean-François du Boüillye de Turquan, Bibliothèque Nationale de Malte, AOM 2358. Gros procès-verbal de 160 pages.

 

 

Les armes des Bouillye sont d’azur à la bande d’argent accompagnée de deux croissants de même  et à celles de Jean-François du Bouillye de Turquan , et à celles de son père, ont estés ajoutees celles des Turquan a cause que M Turquan , conseiller d’Etat, oncle de Monsieur le marquis de Resnon  [père de Jean-François du Bouilly Turquan], dernier décédé, le fit son héritier et légataire universel par ce qu’il porteroit son nom et ses armes qui sont : d’argent au chevron de gueulle, accompagné de trois testes de mores, deux en chef et une en pointe, frontées d’un bandeau d’argent″ (Preuves de noblesse de Jean-François du Bouillye de Turquan, Bibliothèque Nationale de Malte, AOM 2358).

 

 

 

Dessin Alain Berdé.

 

 

Arbre d'ascendance de Jean-François du Bouillye-Turquan

  Armes des ancêtres côté paternel

dessins A. Berdé

Armes des ancêtres du côté maternel

dessins A. Berdé

Commandeur de la Coudrie en 1746[1], de la Feuillée en 1750.

En mai 1758, alors qu’il est également grand trésorier de son Ordre, il  obtient que soit enclenchée une visite d’améliorissement de sa commanderie de la Feuillée pour laquelle il aurait fait ″de belles et grandes améliorations, augmentations et réparations tant utiles que nécessaires [2]″. Le procès verbal de cette visite, daté du 8 juillet 1758, ne met pas en avant de réelles améliorations, il fait même apparaître  des problèmes de direction suite au décès  de Charles-Jacques Hamon sieur de Kernissan,  procureur général du commandeur, puis de son fermier général, Jacques-Joseph Hamon, sieur de Porville. Si sur la période 1750-1758 ont été réalisées des réparations,  pour un montant de 4587 livres, la visite met en avant maintes autres  réparations à réaliser. Sur le moulin du Palacret lui-même, les canaux d’alimentation des roues hydrauliques nécessitent d’être remplacés et les 2 petits ponts ainsi que le grand sont à refaire ; les auditeurs estimant les travaux à réaliser sur le dit moulin à 150 livres. Le procès verbal de la visite estime à 2502 livres les réparations indispensables restant à réaliser sur l’ensemble de la commanderie. Devant cet état de fait les deux visiteurs mandatés par le prieuré d’Aquitaine vont se tourner vers le sieur Jacques Toudic, notaire à Guingamp, qui assurait les fonctions d’archiviste du temps du sieur de Porville précédent fermier général, et qui, en conséquence, connaissait bien le fonctionnement de la commanderie. Le sieur Toudic est sur le champ  nommé  régisseur de la commanderie à charge pour lui réaliser l’inventaire des titres de la commanderie, de les archiver avant leur expédition au prieuré de Poitiers, de travailler à l’établissement du terrier, de suivre les procès et de défendre les droits de la commanderie, de faire réaliser les réparations et de contrôler leur réalisation. A cet effet il lui est immédiatement  remis 3500 livres, prises sur le reliquat, pour assurer les dépenses à engager. Lors du chapitre provincial  suivant, le 9 mai 1759, le prieuré d’Aquitaine se prononce sur la visite d’améliorissement. Il s’agit parmi les différentes visites d’améliorissement relevées, concernant la commanderie de la Feuillée, de la seule où le quitus ne fut pas directement voté.  Le compte-rendu spécifie que les améliorissements seront reçus pour bons et valables sous la condition que le bailli de Resnon apporte la preuve que les réparations qui restent à faire aient  été réalisées.

Il semble bien que Jean-François du Bouillye Turquan ne fut pas mis en possession d’une autre commanderie. En 1766 il a désigné comme procureur général et spécial Charles Gogibus de Ménilmande, chevalier de l’ordre militaire de Christ demeurant en la ville de Guingamp[3] ; en 1767 ce dernier deviendra le fermier général de la commanderie conjointement avec le sieur de Riss. Lors de son décès, peu de temps avant le 29 mars 1769 (date d’attribution de la Feuillée à son successeur Pons-François du Rozel de Fleury), le bailli de Resnon porte toujours  les titres de ″ chevalier profes de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, bailli, grand croix et grand trésorier du dit Ordre, seigneur commandeur de la Feuillée, Quimper, Faouet, Croisty, Pont-Melvez, Palacret, et autres membres″.

 

Parmi les trente commandeurs connus qui se sont succédés à la tête de la commanderie du Palacret Jean-François du Boüillye Turquan de Resnon fut un des seuls, avec Alain de Boiséon, Pierre de Keramborgne et Maurice de Lesmeleuc originaire de Basse-Bretagne  ou de ses limites.

En 1766 il est déclaré demeurer, non pas en Bretagne, mais en son hôtel de Paris. Dans les faits le commandeur vécu surtout à Paris. Les procès-verbaux des greffiers des bâtiments de Paris[4] mentionnent : le 23 août 1717 estimation par Jacques Miché des réparations urgentes à faire en une maison, rue du Jardinet, récemment adjugée à Jean-François du Boüillye Turquan, chevalier non profès de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

  

[1] AD22, H 608, vente de 200 chênes, au Palacret, sur l’ordre du grand Prieuré d’Aquitaine.

[2] Visite d’améliorissement de 1758, AD22 H520, AD86-liasses 3H1 564.

[3] AD22, H 547.

[4] Michèle Bimbenet-Privat, Inventaire des greffiers des bâtiments de Paris-procès-verbaux d’expertises-Z1 J 521 à 556-années 1715 à 1723,1987, P 203.

  

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